Courtes lignes... (+ PLUS)

Un enfant malade

Voila un texte écrit il y a quelques années qui me tient particulièrement à coeur à une époque ou les enfants paient cash les conneries des adultes...

Samedi 29 juin 2002.
Il est onze heures du suaire.
Je suis seul dans notre vide, livide.
Henri est mal ,il est à l'hôpital.
Miss Célinette est à son chevet pour le veiller.
Tatiana princesse fée est à l'abri
Chez " Pépé la Paix " et " Mémé aimée ".
Il est tard. Le silence suffoquant me glace.
Il fait 22 degrés mais je tremble.
La bas, si près de mon cœur et pourtant si loin de mon corps
De vieux loup solitaire, une partie de la tribu
Lutte pied à pied contre la sournoise maladie.
Solitaire pour parler mais solidaire par la pensée,
C'est pourquoi j'ai arraché ce bout de feuille
Pour me confier et m'épancher, moi le connard sauvage
Qui ne sait jamais communiquer quand il souffre.
Je parle enfin à quelqu'un qui m'écoute en silence
Et qui grince quand je le gratte :
Le papier.

Peur…
Transpires à tort jusqu'à la déraison
Ce liquide qui suinte brûle ma peau,
Alors, continuer à parler pour ne pas penser…
Et ruisseler par tous les…
Pores…
Qui sont les robinets ouverts de mon angoisse
Qui font ma peau luisante et ma chemise collante
Comme un…
Porc…
Epique !
Moi l'éternel papa pas rasé
Tripes nouées sans tord boyaux,
Sans fard, blafard en guettant le phare du …
Port…
Cap de grande espérance qui libère
Le dos meurtri du lourd fardeau
D'une peine capitale, chagrin de folie,
Condamnant sans jugement
Déclarant l'innocence coupable !

La PEUR !!!
Qui nous surchauffe à blanc
De son savoir faire rouge,
Bouillante
Pendant que coulant dans nos déveines
Elle gèle le sang d'effroi
Glaçante !
Elle s'insinue et sinue dans les méandres de nos pensées secrètes
Et sécrète son fiel en serpent d'amer, amorale idée !
Elle ondule entre neurones et de nos cosses sinus sape le moral des synapses
Pour faire sauter d'un flash le verrou de notre sûreté !
Alors la douce quiétude aseptisée de nos certitudes
Conservée dans le formol de notre aveuglement volontaire
Vole en éclats de glace pour pulvériser l'image du miroir !

Alors seulement enfin, je me regarde en face :
" Qui es-tu vraiment ? "
Pendant que le manège en chantier tournoie dans ta tête ;
Tes délires, tes désirs, tes idées,tes ratages, tes désidératas,
Toi hier le prince orgueilleux aux attitudes intransigeantes
Te voilà soudain mendiant sous la servitude de tes inquiétudes !
Tu commandes, tu te demandes, puis un jour tu quémandes…
Toi l'affable supérieur de toujours
Ce soir tu es faible et inférieur !
Tu n'es même plus à la merci d'un s'il-vous plaît !
Tu es au supplice, alors tu supplies ;
Au plus profond de ton âme blessée dans sa chair virtuelle
Par une fine lame de fond qui frappe ce qui t'es le plus cher !
Aliboron tu fais le dos rond !
D'abord tu refuses et tu te raidis
Puis sous le poids de la douleur, tu plies…
Impuissant !
Ne rien pouvoir faire
Et laisser Lucifer…
Que tu sois nain ou géant,
Vermine ou tout puissant ;
La grande faucheuse a tellement d'appétit !

Pitié…
Pas mon petit bout de chou
Ni un pétale de ma rose !
Si l'erreur est humaine
La terreur reste inhumaine.
Quand la panique te gagnes,
C'est la folie qui te récupère…
Qui perd gagne
A ton avis ?
Je m'en fous à mort pourvu que ce soit la vie !
Et l'attente muette continue au fil du temps qui s'écoule en aveugle
Seuls les murs me causent mais je me mure dans le silence.
Hier entre éclats de rires et bisous mouillés
C'était cool !
Cette nuit qui n'en finit pas de commencer
C'est toi qui coule…
Vertige d'un vide abyssale à cause d'un manque immense ;
Ton cerveau a changé d'adresse en bonnet absent
Tant tu es à l'instant dans la détresse !
Ceux qui trouvent en telles circonstances
Un réconfort quelque part ailleurs
Sont les vrais cons nuls de partout !
Parce que…

Un enfant
C'est bonheur, bonne humeur
Joie de vie, choix de vivre
Ca pétille même quand çà bulle !
Un gosse
Ca n'a jamais le droit de mourir
Même pour jouer, juste pour rire…
Un gamin
C'est se ramasser sur ses jouets espiègles
En croyant avoir déjoué ses pièges malicieux,
C'est soigner ses blessures de l'âme
Afin de lui épargner les plaies sûres de lame !
Un môme
Te fais mourir à petit feu chaque soir dans un sanglot
Pour mieux renaître le matin dans la gloire d'un éclat de rire
Car il t'offre une seconde d'éternité juste par un sourire !
Une petite graine
Tu croyais sac à dos ?
Tu découvres que ce n'est que cadeau !
Ton pré avis ; c'était corvée à vie ?
Mais contre son corps lové, palpitant ton cœur vit !
Un poussin
Tu craignais la prison ?
Il t'as offert liberté de son amour frisson !
Toi qui prétentieux te prétends aux cieux
Mais qui au tréfonds de ton être, silencieux
N'a que mépris pour ton " paraître " licencieux ;
Il suffit qu'il lève ses grands yeux limpides vers toi
Comme seul sait faire un enfant roi
Pour comprendre que personne
Jamais dans son cœur ne te remplacera ;
Toi le héros intouchable de ses rêves,
De son âme ; la trahison tu n'as aucun droit !
Un bout d'chou
A nos problèmes est la solution,
De nos erreurs et nos errances, l'absolution !

Oui
Un enfant
Pour un père fiction ; c'est la perfection
Dans ce monde tellement perfectible
Ou il fait souvent une parfaite cible !
Un enfant,
C'est moi sans ce que je suis devenu
C'est lui avant de s'enfoncer dans l'inconnu !
C'est aussi lui donner ce que l'on a pas reçu
Et pardonner qu'il ne s'en soit pas aperçu.
Un enfant
C'est prolonger notre vie
Sans lui avoir demandé son avis !
Un enfant
Ca rend enfin l'homme un peu supportable
Pied sur terre, tête dans les étoiles, main dans la main
Quelques instants à reprendre visage humain !
L'accompagnant dans ses premiers pas, en support stable
Un enfant
Conçu dans un feu d'artifice ou de hardies fesses
Vient au monde pour prolonger de sa vie la fête !
Arraché du ventre de sa mère, soyons son amarre…
Un enfant
C'est des sourires malins et mutins, des soupirs énormes
De lourds pleurs pour des chagrins hors normes
Des larmes qui nous alarment et nous désarment…
Alors aux armes ! Calins, bisous, caresses pour chasser le drame !

Pour un enfant
Quand un parent part
Tombe le rempart
Cet être fragile et menu
Jeté dans la fosse aux lions
Sans défense, au mieux nu !
Un enfant
Doit rester dans son monde semi réel
D'extravagances, de joies sans recul,
D'extra vacances ou il saute au plafond
Pour un victoire à l'école en calcul
De farces et d'attrapes , de confiture et confettis !
Les enfants
Sont les habitants légitimes de cette planète !
Pour preuve, les animaux les reconnaissent comme des leurs.
Car ils sont authentiques et sans arrière pensées.
Chaque fois qu'ils s'égarent à faire le mal, que la haine naît
C'est parce qu'ils ont copié le mauvais exemple des aînés !
Un enfant
C'est la sagesse d'un esprit pur et spontané
Qui ne calcule pas, agit en direct instantané
Contre le mépris de justesse, il est esprit de justice
Par encore tagué par les lois barbares des adultes.
Il est noblesse de cœur
Car sensible au partage
Face à notre mollesse de corps
Qui écoeure, relâche avec l'âge…
Un enfant
Plus c'est petit, plus c'est grand !
Tant qu'il peut jouer contre le temps
Qui fait que les adultes, ces enfants mal vieillis
Viennent salir, pourrir et réduire en bouillie
Les pages vierges de ces jeunes cerveaux innocents
Les gangrenant d'un savoir fier et suffisant
Tout autant qu'inutile et vain
Puisque chaque fois que l'on brise le rêve d'un enfant
C'est un peu d'humanité qui part en poussière d'étoile…

Post scriptum
Henri, Tatiana
J'aurai tant à vous dire
Que les jours qu'il me reste à vivre n'y suffiraient pas.
Aussi,
Un seul mot pour tout ce que vous m'avez donné :
Merci.
Mon amour pour vous
Ne pourrait pas entrer dans notre galaxie,
Il dépasse juste un petit peu
De l'univers tout entier !
Votre papa pour toujours…et même longtemps après !
Merci à votre maman de m'avoir permis d'être son amant pour vous concevoir
Ca aurait été con de ne pas se voir !


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