Cha cha cha de bla bla bla... (+ PLUS)

Bête et Méchant...

Petit Bobby s’appelait ainsi car il n’était que bobos et bibis. Un vrai petit dur à cuir de onze ans qui terrorisait les grands de quinze. Une véritable plaie lui qui n’était que bosses.


Curieusement, là ou les enfants peuvent parfois s’avérer accidentellement cruels lui était volontairement sadique. Un authentique méchant dont on cherchait désespérément une simple petite qualité pour se dire qu’il n’était pas entièrement que défaut…
Oh ! bien sûr, les bien-pensants me diront ; on ne parle pas ainsi d’un enfant. A ceux-ci je réponds ; vous ne connaissez pas Bobby ! D’ailleurs était-ce encore un enfant Le et l’avait-il jamais vraiment été ? Ce gosse démoniaque n’était pas méchant, il était mauvais. Tel une horreur de la nature.
Il n’avait pas d’amis bien évidemment, mais pire il n’avait même pas d’ennemis tant tout le monde l’évitait soigneusement. A force de se jouer de tous, il ne jouait avec personne…
Alors il faisait du vélo.
C’était sa principale occupation, à longueur de journée par monts et par vaux à travers la campagne du matin jusqu’au soir, il pédalait. Ce qui soulageait des parents peu aimant ayant plutôt tendance à la répulsion qu’à l’attirance pour leur rejeton malheureux jeton. Moins ils le voyaient et mieux ils se portaient…D’ailleurs, effrayés par le résultat de leur première tentative, ses misérables géniteurs n’avaient osé donner suite, c’est pourquoi il était fils unique…en son genre. En même temps et à mieux les regarder de l’intérieur on pouvait facilement comprendre les raisons d’un tel échec.
Ce matin là, comme tous les autres de la semaine, il pédalait. Se réjouissant par avance de sa future turpitude, puisque chaque jour naissant était l’occasion de d’inventer divers tourments pour son entourage.
Aujourd’hui, la fine bruine lui offrant cette occasion, il avait décidé de chasser les escargots de sortie, à sa manière. Le but de la manœuvre constituait à écraser d’un pneu vorace les fragiles coquilles animales tel un sinistre de l’intérieur qui piétine les caravanes des gens du voyage…
Ainsi le maléfique Bobby allait zigzagant sur la route mouillée à l’affut des malheureuses bêtes à cornes pour les mutiler dans une corrida déséquilibrée ou la chance des gastéropodes étaient quasi nulle.
A chaque Crac morbide, le sordide garnement partait d’un éclat de rire démesuré laissant derrière sa roue de paon quelques miettes d’écaille sur un corps gluant et aplati…
La pluie redoublant, la chasse s’avérait fructueuse et le pneu aussi glissant que la chaussée. Mais Bobby n’en avait cure. Il s’éclatait à pulvériser !
Est-ce que cette haine soudaine pour ce corps rampant venait du fait que ses parents tant haïs adoraient le déguster à la douzaine ? En tous cas, il fonçait sans réfléchir et sans état d’âme.
Une nouvelle cible se présentait là-bas juste à l’entrée du prochain virage, émergeant de l’herbe fraîche pour se glisser lentement sur l’asphalte humide. Pas de doute, cette coquille coquine serait sa prochaine victime expiatoire !
Sus à l’ennemi ! Chargez ! Et le sale gamin de répandre sa joie sadique d’une voix criarde.
Les cornes minuscules ridiculement érectiles dans le collimateur du guidon il va faire mouche…les cornes…les cornes…qui cornent…ca corne…Epouvantablement trop fort !
Bobby relève la tête pour voir juste débouler à la sortie du méandre de goudron un gigantesque truck de quarante tonnes qui corne avec désespoir…mais ne peut rien faire pour l’éviter. Les cornes du pare choc sont la dernière vision du pauvre Bobby qui vole dans les airs déserts alors que son clou rouillé succombe dans un Crac de mauvais augure…Bobby projeté à cinquante pas ne peut lire la belle inscription sur la bâche du poids lourd s’immobilisant dans un grincement de frein à l’agonie : « Escargots de Bourgogne Surgelés »
Mais Bobby n’est pas mort. Et c’est tant pis tant mieux.
Des années plus tard, paralysé des membres inférieurs suite à une colonne vertébrale plus vraiment verticale…Il se traine dans un fauteuil roulant, se tirant à la force des bras, et il n’est pas rare alors qu’il tarde à se dégager d’un métro ou d’un bus bondé d’entendre dans son dos des voix laconiques anonymes râler : »Quel escargot… »
On récolte ce que l’on, sème et lorsque l’on s’aime pas…on récolte quand même !






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