Courtes lignes... (+ PLUS)

L'effet Néant


C’est la trop courte histoire d’une si longue aventure…
Tout d’abord et avant tout il n’y avait rien. Enfin, pas tout à fait puisqu’il y avait le Néant. Et le Néant ; ce n’est pas rien…même si pourtant si !


Car si le vide ; c’est évident, le Néant lui, souffrait d’un manque de reconnaissance. En fait, il en avait trop assez de ne pas exister sans être vraiment mort non plus. Il voulait ne serait-ce qu’une fois, une fois seulement goûter à l’étincelle de vie.
Ah ! La vie…
Alors le Néant devint particule élémentaire. La plus petite partie culte de l’énergie. Pas même un électron libre, mais encore plus petit en son noyau. Un être microscopique mais vivant grâce à l’énergie de l’espoir !
Du coup bien involontairement, le microscule déclencha le Big Bang ! Un gros pétard pour faire la fête et accessoirement créer l’Univers.
Mais voilà, l’énergie c’est sympa, c’est lumineux, c’est pur, c’est beau…Mais au bout de quelques milliards d’années ; ça devient ennuyeux limite mortel. Aussi, afin de concrétiser sa concrétion ; il devint matière.
Et victime d’un trou noir troublant, il choisit le carbone. Pas pour copier puisqu’il était le premier en tout et pour tout. Toutefois en forniquant sur la palette chimique avec d’autres couleurs moléculaires et autres atomes crochus ; il inventa définitivement la vie sans lui demander le sien.
La vie. Primaire certes. Mais finalement comme à l’école ou l’on passe rarement directement au secondaire. C’est ainsi qu’au gré de ses envies, le Néant évoluait. Enfin il s’amusait ! Il était devenu de vœux nus quelque chose, et çà justement ; ce n’était pas rien !
Bon. Néanmoins ; si la matière c’est intéressant, c’est quand même mieux si ça bouge en tête et remue en queue ! C’est pourquoi désireux d’expérimenter deux nouveautés à la fois le Néant-Electron-Carbone se mettant sous acides produisit la vie animale et par déjection végétale. Mais pas n’importe ou. L’appentis sourcier ayant par action-réaction crée l’eau, le voila faisant trempette dans les océans tumultueux et sauvages. A l’horloge universelle, il était tard. Le Néant a donné la vie sous le signe du poisson. Il lui faudra assumer par ascendance sa descendance.
En tous cas bien que privé de cet organe, pour l’instant c’est le pied ! Lui qui était à vide de sensations fait le plein des sens en se déclarant ouvertement à la perception. Sentir plutôt que ressentir ; c’est énorme, c’est hors norme. Il passe donc quelques centaines de millions d’années à expérimenter divers corps marins marrants, puis comme d’habitude cet éternel insatisfait se lasse des délices du décor nautique. Plutôt que de continuer à faire des vagues en lames, il décide d’aller soigner son spleen sur la Terre ferme.
Peu sûr de lui au balbutiement de ses débuts pédestres, il déambule à quatre pattes en grand singe qu’il est désormais. Par ailleurs il ne craint pas le ridicule car à part quelques dinosaures il n’est guère grand monde ayant suffisamment d’humour pour se moquer.
Maintenant, le temps s’accélère et s’emballe. Car très rapidement, prenant de l’assurance bien que sans compagnie, il franchit allégrement ce qui nous semble encore aujourd’hui le pas le plus important de l’humanité : il devient un homme.
Moi j’aurais choisi d’être une femme, mais peu importe, Le Néant est homme.
Rien que ça.
Le Néant-Electron-Carbone-Poisson-Singe se balade sur les Champs Elysées en costume cravate, un attaché-case dans une main et les clés de sa bagnole dans l’autre.
C’est beau l’évolution, non ?
C’est alors un peu avant quand même à la Sainte Lucie, que sentant vaguement qu’il a fait une connerie sans savoir encore laquelle, comme pour se rattraper par avance de son inadvertance ; qu’il crée légalement la femme. Il ne sait pas trop à quoi ni comment s’en servir mais il va vite trouver…Et si la beauté et la grâce magnifient son existence et celle de la planète toute entière, cela ne va pas lui simplifier sa vie d’homme à lui !
Mais après tout, à ce moment là, il n’est qu’un homme. Ne s’attachant aux causes qu’une fois en face des conséquences…
Donc en temps qu’homme, n’écoutant jamais la femme, n’en faisant qu’à sa tête de nœud en raisonnant avec sa queue, il fait.
Tout et son contraire. Des hordes d’œuvres mineures et des grands « n’importe quoi » majeurs. Le bien et le mal pêle-mêle et dans le désordre. Et surtout, pour bien finir de se pourrir la vie et sa Terre ; il invente le Fric ! La pire de ses frasques.
Heureusement, retranché dans son for intérieur, le Néant sait bien que par trop souvent et sous le vent, il déconne à pleins tubes et par tous les tuyaux. Aussi, il crée la conscience ; l’esprit.
Il n’était que temps…
Et l’Esprit qui lui aussi, sent bien qu’il lui manque un guide spirituel, un modèle de pensée pour lui indiquer la bonne direction dans laquelle s’en aller mourir ; invente : Dieu.
Bon. Là, à priori, ça va mieux…Enfin, c’est ce qui semble.
Dieu surveille, préconise, conseille, bref ! Il fait son boulot d’entité supérieur, quoi ! Accessoirement encore, afin de lui offrir plus de crédit, on lui prête l’invention du monde, de l’univers, de la vie, de l’homme, de la femme, du chien et des pâtes au beurre !
Mais là, le Néant n’est pas d’accord et pas raccord. Il est hors de question de le dépouiller impunément de ses créations en récréation ! C’est pourquoi à son initiative, l’homme devient Dieu en personne à défaut d’être quelqu’un. Ni une ni deux, sans rancune il est Dieu.
Après tout, ce n’est que justice puisque c’est lui qu’il l’a inventé ! Merde alors !
De toute façon et sans faconde, dans sa peau d’homme, une fois de peluche le Néant s’ennuyait gravement. Blasé des blazers, blues des blouses.
Et puis être Dieu, c’est bien plus pratique pour voyager. Il va enfin pouvoir connaître et reconnaître l’univers qu’il a crée il y a un petit moment déjà et qui a continué dans le continuum à se développer et s’étendre à l’infini.
Donc Dieu qui n’est jamais fatigué, va jusqu’aux frontières de l’infini, là ou l’univers en travaux perpétuels n’est pas encore fini…
Il avance près du bord en continuel expansion, tel un incommensurable tapis qui se déroule sans fin si loin de son commencement qu’il en a oublié son point d’origine.
Et là, tout au bord, de l’autre côté creux, là ou l’univers n’a pas encore tissé son invisible toile de vide ; il voit.
Il voit LUI.
Sous son visage originel.
Comme s’il se regardait dans un miroir…
Alors, saisi par une inextinguible détresse
Il saute.
Et l’univers retourne avec lui dans le Néant
Ne laissant plus rien derrière lui, sinon lui-même comme au commencement…
Le Néant.




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