Courtes lignes... (+ PLUS)

SHADOW Conté… Le marché des remords vivants.

voila enfin la nouvelle que vous attendiez tous ...enfin au moins trois personnes ! histoire vécu lors de notre dernier périple au sein du CDW ! tout est vrai...ou presque ! livré en deux parties ! bon appétit !



Ici dans cette région étrangère, le jeudi c’est jour de marché. En centre ville. Pas facile de gagner le centre d’un trou perdu. Nous partîmes à deux voitures mais par un prompt vent fort, nous arrivâmes à une seule dans l’arène de ce gros bourg. Avant de faire escale en bourg, pas une chatte du service achat ni même un chien de sa chienne. Dans la campagne qui nous accompagne ; pas un rat des pâquerettes, une souris verte ou un mulot mulet. Lors de la fuite traversière par le cœur des hameaux couverts nous ne croisons pas âme qui vive, vagale lame.
Enfin de non recevoir, nous parvenons à nos faims au sein de cette très jolie bourgade, qui au demeurant a offert à la raie publique nombre de sinistres et de soumis tristes, odieux mourant.
Effroi de beffroi, l’air froid nous broie. Mortifère courant d’air qui s’inhale et s’exhale létal.
Le temps de se garer, égarés sur le parking royal au bord de la rive de la Mayenne nationale, et notre équipage d’interpeller une passante sans soucis mais non chalande. La brave dame (qui lisait la presse soviétique de l’époque) fort avenante au demeurant, nous renseigne aimablement. Il nous faut donc entrer plus avant par les arrières de la cité. Soit. A peine une seconde (donc c’est la première) pour regarder dans la direction proposée, que cette personne a disparu de notre vue. Diablement pressée la petite dame ! Et ceci bien que le terrain alentours soit totalement à découvert sur cent mètres à l’aronde…
Dix minutes plus tard, Céline, Alexandra, Georges et votre serviteur, sommes tous quatre rendus sans sommation sur une aire de stationnement privative de nos droits de parcage. Juste à côté d’un hypermarché « Mutant ». Seules les places réservées aux médecins sont lit vide, curieusement indiquées par une petite croix en amont. Georges rigole dans le caniveau
--- On ne soigne pas, ici ! On achève directement !
--- Comme ça le trou de la sécu se rebouche en même temps que celui des fossoyeurs…
Plussoie-je non sans esprit pétulant.
C’est sur cette phrase finale que nous entamons avec appétit notre périple patéticien. Quelque plus loin mesuré par rue, une nouvelle surprise nous étreint de marchandises ; les boutiques de la rue principale sont exclusivement des commerces de la mort fleurie et autres magasins de sarcophages funèbres ! Pas deux messieurs, pas quatre mesdames ; mais dix, si !
C’est étrange de gens bons. Cela crée un malaise diffus, une ambiance morbide. D’autant plus que quelques mètres devant nous, gît sur le trottoir pour elle, une pauvre femme combattant faiblement pour conserver un peu d’existence qui s’enfuit de son corps mourant. Les badauds se sont arrêtés et gèrent un virtuel périmètre de sécurité en devisant calmement sur ses chances de survie test. Car ici, on n’arrache pas les sacs à main, on vole les souffles de vie !
La sirène du bal des pompiers qui au pas de chasse, accourent, déclenche chez Alex un fou rire irrépressible. Crise nerveuse tant la scène est surréaliste. Nous dérobant aux regards réprobateurs de la foule contact, nous évacuons prestement ces lieux maudits, grimpant un peu plus l’interminable pente côte à la recherche d’un petit remontant. Nous traversons des étals de traversins, habilement des étals d’habillement. Face à mon pas alerte, les gênés râlent. Afin de rejoindre mes trois compagnons de déroute dont je suis un instant séparé, je jaillis de derrière une robe complètement cintrée au nez et à la barbe (expression éculée car le barbu se situe bien plus bas que le nez chez la femme) d’une cliente potentielle lui déclenchant une semi crise cardiaque, à deux doigts de l’envoyer rejoindre ses potes en ciel (je sais ! je me répète, mais quelque part je m’en pète la raie).
De nouveau quatre nous soufflons une soixantaine de secondes, pratiquement une minute. Quand soudain notre Georges qui pensait en être enfin sorti, s’aperçoit avec effroi dans le dos qu’il s’est accoudé de l’omoplate à une énième boîte d’ennui qui vend des pompes funestes.
--- Trop c’est trop ! S’exclame celui qui préfère de beau cul trousser trou.
--- Et réciproquement ! Pertinent-je de la logique.
Il est grand tant de téléfouiner à l’autre équipage histoire de se rassurer en faisant marché commun. Il s’agit du deuxième véhicule culte ayant à son bâbord Philippe notre grand gourou, Rodrigue et Vévé. Ces derniers sont arrivés les premiers poussés par les vents de Gilles. Ils nous attendent devant le marchand de moules.
--- Ca tombe bien, c’est mariée haute ! Susurre-je en messe basse.
Mais pour les rejoindre, il nous faut continuer de mi haut la montée vers l’insaisissable sommet de l’avenue. On l’aperçoit parfois à travers les nuages, tout là bas là haut, si près du ciel qu’il se perd dans l’éther des nues. Si ça continue à grimper autant, on va finir par trouver de la neige par terre sur les toits.
Non sans courage, notre cordée parvient au point culminant, au son d’un accordéon désaccordé. Ainsi flonflon des petites marionnettes devant un marchand de ritournelles. Nous croisons alors des gens tout droit sortis du 19ème siècle, distribuant fièrement des tracts parcheminés tout à trac. Il s’agit d’après leur manuscrit dans la nuit, e l’association 1900 ! C’est authentique, ils sont épiques ils sont d’époque ! Le costume et la coutume en témoignent. A bien y regarder, ils sont finalement bien conservés pour leurs 130 ans d’âge. Mais quoi de plus paranormal en ce pays parallèle ou le temps relatif dispute à l’espace virtuel les portes de l’anachronisme et du paradoxe.
Néanmoins mais avec appendice nasal, nous ne flairons pas l’étalage de moules, donc par voie de conséquence sans issue, pas d’équipe deux d’eux. Et pas une mouche pour nous guider ! Force nous fête de poursuivre plus profondément la coloscopie de cet aréopage de trous du cru, en direction de l’autre pan du marché dedans.
Ici à cause des fleurs la foule est plus dense. Elle s’emboîte d’ennui les humbles dans les hôtes en pas d’attaque cadencé si tu en as envie. Oignons serrés en rang donné, avec l’interdiction tacite de s’immobiliser devant un des commerçants de plein air, faute de rompre le rythme de la procession. Par exemple, le téméraire charlot qui pile pour acheter des fruits confis, se trouve emporté et récupère déconfit un plat de charcuterie, pour régler plus en aval le vendeur de confiserie. Bon, bon, mais il y a pire en technique dans cette farandole mécanique. C’est de tomber, par mégarde d’un cheveu de se laisser choir ! Car alors, il est impossible de se relever. Par la faute de la densité de cette aveugle transhumance, le malheureux maladroit est condamné à être piétiné par les suivants qui lui passent devant dessus. Toutefois cette balade forcée nous offre l’opportunité de découvrir quelques étals en étau, originaux voire improbables, qui se succèdent damnés. Là une marchande de champignons vénéneux, ici une vendeuse de plantes carnivores. Là un vendeur d’animaux nuisibles domestiques, ici un marchand d’instrument de torture à musique. A la pointe du marché, le clou du spectacle mercantile ; une honorable démarcheuse trône fièrement derrière son stand de six mètres de long, sur lequel est exposé une seule et unique boîte de douze œufs ! oui mes âmes et mes dieux, j’ai bien dis douze ! Pas un de plus en moins !
Forcément face à une telle démonstration de farce et à la rareté du singulier article pluriel, personne n’ose l’acquérir, même à l’unité œuf course !
Désormais à contre courant derrière, nous entrecroisons maints vieillards et moult grabataires à terre. C’est non sans une légitime frayeur (histoire d’effrayer la chronique laconique) que je réalise sans indice l’impensable. Ce sont bien les mêmes croisés un quart d’heure plutôt dans le non sens inverse…Sauf que ces gens étaient tous dans la force de l’âge avec moitié moins d’années au compteur !
--- Il y aurait donc une malédiction jetée sur ce marché ! M’interpole d’un coup d’appel derrière les oreilles mon George serré, interloqué entre deux serrures.
--- Et puis, où est le cimetière ? Questionne à son tour Céline. Mystère en parvenant à la cime tiers. Depuis cent mètres plein les poches, nous longeons un mur mûr.
--- Il est juste à côté de coteau, derrière ce para mort qui tombe pile ! Rétorquait madame par la voix blanche d’Alex.
à suivre...


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