Le couinement de la tong mouillée
Fait taire le ricanement de la mouette humide
Tandis qu’elle colle le pied au sol en un obscène suçon
Beaucoup de couic couic pour un grand couac !

Car la tong est à l’espadrille
Ce que Quasimodo est à Esmeralda
Enlaidissant le pied beau, le vulgarisant, le banalisant
L’entrainant vilainement plus bas que terre
Sans talon, dénué de talent
plate bande de plastique parfois fleurie
alliant lard et la lanière pour le pied de port
alors que le pied tendre devient pied plat
la voute plantaire victime d’un rhume planteur

La tong exhibitionniste du peton piéton
Met en valeur champignon, verrue et cor accorte
Orteils hors taille et ongles désincarnés
Pas toujours en odeur de sainte tête
Elle exacerbe le plaisir des sens dessous de suée
Incite à l’entorse du tarse, la foulure du bas doigt
Elle transforme le pied de biche en cheville ouvrière

Non, la tong n’est ni chose sûre, ni clé de sol
Glissante et fuyante, dérapant sans atour de contrôle
Semelle de tout et surtout de n’importe quoi
Indigne tong, sur laquelle on tangue dingue
Qui pousse pouce loin de ses frères bombant le tarse

Mise à la plage, elle devient crincrin de sable
Aimant à cailloux et gravier, ventouse à flaque d’eau
Sur la terre humide elle réinvente chaussette au pied
Sur l’herbe elle découpe orteil en lardon
Sur le bitume elle épuise et vanne presque nu pied !
Elle claque du bec par temps sec
Accentuant le ridicule de chaque pas sonore
Attirant l’attention vers le bas déshonoré
D’un coup de coude, Montrant le pied du doigt !

Qui prend son pied en tong néglige sa base
Mais que dire de l’apôtre du mauvais gout absolu
Exacerbé en aura d’égout, mariant chaussette et tong
Dans l’improbable union du tissu qui pue
Avec la lanière élastique qui l’astique !
Moche à mouche accouchant d’une hideuse idée
Conclusion intestinale en gerbe de flore
La tong ne va pas à tout le monde…
Elle ne va à personne !