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Poussières d’anges…


La bête d’acier
Sur le béton s’est jetée
Tête baissée, tête broyée
Blessée fracassée elle a tué


Dans le ventre froid de la montagne
Dans ses viscères avec hargne
L’espace d’une seconde, sans raison
Le spasme immonde d’un abandon

La sombre faucheuse rôdait
Caressant de sa faucille aiguisée
La carcasse rutilante de sa proie
Convoitée, dont elle a fait choix

Désignée d’un doigt des charniers en sentence
Comme sa prochaine victime en instance
Jetant son morbide dévolu sur des enfants
Sans pitié pour les innocents insouciants

Alors la mort sans demander les a volés
Sans justifier les âmes immaculés dérobées
D’un souffle glacé les papillons se sont envolés
Leur chair par elle déchirée, leur vie profanée

Dans un tunnel sous la roche imparable
A été commis d’office l’abominable
Soudain pour rien, c’est l’irréparable
Fée d’hiver basculant dans le minable

Arrachés à la chaleur du nid douillet, petits anges,
Projetés dans le néant mortifère, petites mésanges
D’une nuit sans matin, opaque sans fin ni début
Pour errer éternellement, dériver ailleurs sans but

Volutes de vie d’amour et d’espérance
Partis si tôt en fumée dès la naissance
Parce que la machine aveugle et sourde
Soudain emballée en courbe fourbe

A peine redescendus de la neige blanche
Vous voilà enfermés dans une boite blanche
Oisillons sur la branche, colombes si blanches
Condamnés à tout jamais à rester page blanche

Par accident sans témoin, le destin
D’un tour de vice est assassin
Qui offre la vie, promet lendemain
Pour la reprendre vite de l’autre main

C’est injuste insupportable et cruel
De faire d’un enfant un mortel
C’est odieux insoutenable et criminel
De lui arracher ses jeunes ailes

Alors moi l’impie, je t’implore et te supplie
Toi le dieu aux cent visages création des hommes
A ton tour d’inventer un petit coin de paradis
Un jardin de gamins, un Eden de mômes

Afin d’héberger ces flammèches pétillantes
Pour les transformer en étoiles flamboyantes
Qui clignotent de l’œil dans le firmament
Pour leurs inconsolables papa et maman

Que justice soit fête, injustice réparée
Qu’ils soient enfin heureux là haut chez toi
Puisqu’ils n’ont pas eu le temps écoulé
D’être malheureux ici bas sous leur toit

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