Alors qu’il est si reposant de s’asseoir sur nos idées
Ou de se coucher dans le lit de l’ennemi… ?
Pourquoi résister dans la douleur à un sort scellé d’avance
Plutôt que d’anticiper la balle libératrice qui va nous tuer… ?
Lors d’un naufrage, lorsque renversé par la lame, tu tombes à l’eau…
Tu as deux solutions ;
Soit tu te laisses couler dès les premières secondes afin d’éviter une lente agonie, abrégeant ainsi par renoncement d’hypothétiques souffrances
Soit tu nages. Même si tu sais que tu ne tiendras pas très longtemps, même si les vagues qui te cernent en écumant redoublent d’agressivité, même si aucune terre promise ne pointe le bout d’une ile salvatrice à l’horizon.
Alors tu nages. Tu surnages. Une fois sous la vague en prenant le bouillon, une fois au dessus aspirant l’air désespérément. Tu luttes pour rester à la surface sans réfléchir au temps qui passe, aux forces qu’il te reste.
Et tu rencontres une planche de salut, un morceau d’épave qui dérive et qui va te servir de bouée de fortune.
Mais de nouveau se pose la même question…A quoi bon s’accrocher ?
Tu as encore deux solutions ;
Soit tu lâches prise dans l’instant, puisque de tout façon inexorablement viendra l’instant ou perclus de fatigue physique, usé par lassitude mentale ; tu vas doucement ongle par ongle décrocher pour sombrer dans les abysses glacés de l’oubli.
Soit tu résistes. Contre vent et marées tu t’entêtes, luttant à contre courant, faisant face par bravade aux éléments haineux qui se déchaînent. Tu retardes l’issue fatale comme autant de temps de gagné sur la mort, la vie grignotant de précieuses minutes qui s’enfilent en perles pour former une heure, puis une autre encore. Puisque tant que tu gardes un souffle de vie pour brailler ta rage, il reste de l’espoir.
Bien sûr au fil du temps qui s’écoule en vagues sans cesse renouvelées, tes forces s’épuisent, ta résistance faiblit. La tentation de s’abandonner grandit comme une promesse de rapide et éternel bien être…Mais non ! Rien à faire ! Tu ne lâche pas ! Ce n’est pas toi qui t’offriras au néant, il faudra que ce soit lui qui vienne te prendre ! Plutôt que de te laisser glisser, il devra t’arracher de ta planche ! Tant que brille au fond de ta tête, éclairant faiblement ton esprit, une petite lueur vacillante d’espoir.
L’espoir qui parait un beau matin sous la forme d’un bateau qui te recueille ou d’une plage de sable qui t’accueille…
Pour un nouveau départ !
Epuisé mais vivant !
Alors tu comprends, enfin heureux, sain et sauf après être passé cent fois si près de la mort
Que tu as bien fais de lui résister, de ne pas céder à ses aguicheuses avances !
Que la vie est précieuse car unique, qu’elle ne s’abandonne pas par lassitude au coin d’un chemin pour se reprendre un peu plus tard, qu’il ne faut jamais lâcher son fil tenu…
Jamais !
Car quitte à mourir, autant que ce soit en luttant jusqu’à ses dernières forces, plutôt que de les sacrifier paresseusement sur l’autel du renoncement facile. Il faut vendre chèrement sa peau avec rage et courage plutôt que de l’offrir par lâcheté aux dépeceurs nécrophages ennemis !
Il faut vivre debout…Quitte à mourir…DEBOUT !
Car la victoire est à ce prix.