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Théatre de pièce...

Jean-Pierre qui aurait pu s’appeler Pierre-Jean a décidé de jouer sa vie à pile ou face
Prêt à subir les caprices d’une pièce de monnaie anonyme lancée en l’air pour retomber sur le côté qu’elle seule aura choisi…



C’est pourquoi la rondelle de métal précieux ou pas virevolte et tournoie dans l’espace
Ce sera pile ou face, pilou fesse, qui s’efface ou s’empile, sexy pile ou face à face !
Un destin se joue debout ou se dénoue à genou pour Jean-Pierre-Jean
D’un recto en revers pervers ou d’un verso en dévers sévère…
Si c’est pile ; ça file et ça s’affole ; c’est full !
La chance sourit coquine et se fait chatte caressante ! C’est la bonne fortune et fort thune
Plus l’argent coule à flot et plus l’on roule sur l’or ! Du distributeur voir enfin des gros billets dégobiller…
Mais si c’est face, hélas peu efficace, par effet de miroir ça casse !
Malheur et douleur sans doux leurre ! Poisse épaisse en déveine haineuse
Comme misère des lèvres à la commissure de la bouche ! Ruine de trèfle et blé fauché !
Mais tant que la menue monnaie s’envoie en l’air de rien, tourne et se retourne sur aile même
Pour Pierre-Ciseau jean –Caillou, tout reste possible et pensable, le pire comme le meilleur avenir…
Enfin c’est l’atterrissage pour l’extrait de sphère. Elle touche le sol, reprend contact avec la terre ferme, se fait trébuchante, en tombant du ciel elle s’en paie une tranche, mais lorsqu’elle basculera d’un côté ou l’autre, une existence elle entraînera dans sa chute et son choix…
Pour l’instant elle roule, elle fait sa ronde. Vite et fort, bien droite sur sa circonférence de presse, bien déterminée à ne rien décider dans l’instant. Embryon de porte monnaie qui trace sa route dans la pièce puis soudain qui oblique vers la porte entrouverte par laquelle on entre ou sort, pour s’engouffrer dans la cage d’escalier qu’elle dévale promptement, poursuivie par les pieds en paquet d’un Jean-Pierre paniqué de tomber pile ou de perdre la face sans le savoir !
Pile en amour…
Un peu beaucoup qui rime avec toujours ! Rencontre avec une grâce issue du paradis !
Une harpiste qui égrène la mélodie du bonheur et de la bonne humeur ! Un bijou pour faire joujou à genou !
Face qui coupe court…
D’un passionnément pas du tout ! Divorce d’avec une garce tissu de l’enfer !
Une harpie qui scie les nerfs avec sa rancœur tombée du fiel ! Un pou à face de hibou et corps de caillou !
Blonde brune rousse ou chatain, black blanche beur…Peu importe du moment qu’elle électrise sans court circuiter, qu’elle illumine sans disjoncter…
Mais l’euro n’est pas pressé de le rendre heureux…Il dévale et avale les marches deux par quatre suivant ses bonds et rebonds. Piastre mutine qui atteint le rez-de -chaussée au ras des chaussettes de son propriétaire qui hoquette sur la moquette. Non. Le sou au sol n’ira pas jusqu’au sous-sol. Il bondit hors de l’huis calmement, faisant un petit pont à l’entre jambe involontairement complice d’un Jean de moins en moins de pierre…
Pile poil pour la santé pour la forme…
Eclatante tel un soleil plein de rayons à son zénith ! Resplendissante comme la jeunesse éternelle des 18 printemps qui sont avides de l’été sans craindre l’automne hivernal ! Une santé de centenaire, et pourquoi s’en tenir à cent ans ?
Ou alors face…contre terre, au seuil de l’agonie à un pas de porte de la fin…
Rongé par la maladie, gangrené par la mort…Au bord de l’abîme déjà bien esquinté, presque pressé de trépasser à autre chose, de connaître l’après pour faire cesser la souffrance du moment…
Maudit pièce ! Vas-tu enfin parler ! Alors pile pour la patate et la frite ! Ou face pour finir en légume pourri pour rire !
Sur le trottoir encombré de chaussures sans certitudes, le rond soul en sou rond slalome spatial. Puis il ralentit pendant qu’à sa poursuite, le gent Pierre râle en tic après lui. Oscillant et hésitant par manque de célérité entre babeurre de tribord ou transport de bâbord, mais cette fois c’est une chose sûre ; le verdict va tomber ! La pelle sans appel !
Jean-Pierre est aux abois de chauffe.
Pile électrique en pole magnétique ! De l’argent, des femmes et de la santé ! Est-ce être exigeant que de demander à la vie le meilleur afin d’obtenir au moins le minimum… ?
Face de raté qui efface sans passer l’éponge… Pendu au mat de misère, mou du prose qui finit en pervers solitaire, bouffé par le crabe ou le sida, la malbouffe ou la boisson…Payant un prix démesuré à la vie pour une location d’épiderme bien fragile !
Mais décidément la monnaie courante refuse de se faire tailler en pièce. Elle va arrêter là sa course folle au bord fondu du caniveau à glace, puis se coucher dans un tintement qui sonnera d’un glas son fondant…Optant perdant pour l’obscurité, obtempérant gagnant pour la lumière…
Déjà en déjet de jeu la main fiévreuse de gens piètre Jean Pierre se tend pour s’informer sur l’informel d’une main fiévreuse et tremblante. Il exsude en perdant le nerf…Mais la rondelle indomptable dans un ultime sobre saut, se jette dans le vide d’ordure et se faufile entre les dents serrés de la grille d’un égout à la gorge profonde. Le denier disparaissant dans un dernier pied de nez pile à la face du niais , à la vue frustré du joueur floué qui a voulu joué sa vie, s’engloutissant dans l’ombre sans fond dans laquelle suinte les crachats de la rue qui bave…
Pile ou face, face ou pile ?
Passe ou file, palôt fils !
Merde !!!
De mer d’œufs de mère deux !!!
Jean Pierre est furieux de rester dans le flou.
C’est pas fini…c’est pas encore terminé…
Marmotte-t-il en rebroussant chemin vers son home à tout faire.
En effet.
Quelques jours plus tard, on a pu lire cette petite annonce extravagante et invraisemblable pour nos semblables hallucinés voire incrédules :
« Perdu pièce de un euro dans un égout Rue de l’Après. Au Jean Valjean qui la retrouvera, il peut la garder. Prière juste de me faire savoir sur quelle côté elle est tombée. Voici mon adresse : Jean-Pierre Detaille, neuf rue du Peut-être, allée trois du Surement. 75 Paris sur la vie… »

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