A cet instant, Il pourrait aisément le confirmer vu les palpitations incontrôlées de son pauvre cœur à l’ouvrage.
Pourtant elle est si jolie qui lui sourit. Si tentante et tellement appétissante avec ses formes pleines de femme qui appellent à la caresse.
Dans un silence gêné chacun d’un côté du lit, ils se déshabillent. Lui dans un pathétique strip tease dans lequel chaque vêtement devient un obstacle, un élément perturbateur qui brise le peu d’érotisme de cette drôle d’ambiance. Car malheureusement il se confirme que là ou il y a gène, il y peu de place pour le plaisir…
Enfin nu au lieu d’exposer une nature sportive pourtant agréable au regard, il se glisse prestement sous les draps pour aller réchauffer le corps accorte qui réclame chaleur animale.
Il n’est que temps d’oublier les bonnes manières en mâle façon !
Alors il l’embrasse assez maladroitement, trop sauvagement faisant fi des préliminaires comme pour s’échauffer directement au feu de l’action. Gentiment sentant son cœur s’emballer elle le calme, le rassure en susurrant qu’ils ont le temps, qu’ils ne sont pas pressés.
Car paniquer veut dire pas niquer…Et point d’alibi bidon pour la libido !
Une chose est certaine pour lui ; pour l’instant il ne risque pas l’éjaculation précoce !
Malgré l’excitation grandissante, son pénis de table refuse toujours de se transformer en phallus. Il glandouille et pendouille lamentablement, complètement désintéressé de l’affaire en cours, comme si cela ne le concernait pas vraiment…
Salaud !
Intérieurement il peste contre cette moelle sans os qui persiste en coude mou. L’abandonner aujourd’hui si important alors qu’il a tant besoin de sa raideur du coup, il donnerait tout leurre du monde pour le voir se dresser en I mâle. Dire qu’ensemble lors de traversées nocturnes en solitaire ils ont tâché tant de draps en rêveries érotiques…
Mais pour l’instant le « bout de » boude. Il refuse de participer à la fête des sens. Alors c’est la serviable demoiselle qui ayant quelques expériences en la matière décide de prendre la chose en main par des doigts agiles et secourables.
Las…
La miss pleine de bonne volonté en plaine veloutée n’est pas une experte de la dextre, plus habituée à déguster qu’à cuisiner…Et le résultat n’est guère plus reluisant qu’initialement.
Histoire de récompenser l’effort manuel de la belle, Il prend juste un peu de volume en langueur découvrant sa tête de gland et sa luisante calvitie mais trop court encore de quelques centimètres, et caillou mou comme un caoutchouc dans l’impossibilité physique de pénétrer l’antre secrète de sa douce.
C’est terriblement frustrant et la frustration amplifie le phénomène de repli sur soie par effet boules de neige…
L’amazone brune bien que ne raffolant pas vraiment de cette pratique, décide de le prendre en bouche. Ainsi fait l’actrice pendant qu’à son corps défendant il reste spectateur en spectre tâteur. Le fourreau est doux et voluptueux mais rien n’y fait, il est défait. Son sexe entêté reste en chewing-gum plutôt que de donner du bâton. C’est la honte qui maintenant a un effet dévastateur sur sa libido défaillante. Prenant conscience du tragique de sa situation et tellement désespéré de ne savoir pouvoir honorer la beauté plastique de sa ravissante partenaire malchanceuse, il perd le peu du reste de sa virilité…
Malgré un ultime et langoureux « body body » qui en toute autre circonstance l’aurait dressé de vingt centimètres sur ses talents, son sexe demeure corps spongieux à vide de sang, alors il jette l’éponge écœuré de sa prestation et dégoûté de lui-même…
Comme une piètre compensation, guidé par la main féminine qui lui fait découvrir les recoins sucrés de son repaire musqué, il lui procure d’un doigté maladroit un misérable bout de plaisir. Pas de quoi sauter au plafond pour décrocher le lustre, à peine de quoi rosir ses joues rebondies et pleines de vie…Elle sent si bon l’amour à l’envie, et il n’est pas foutu de combler ce vide avide ! Pourtant en cinq minutes de menotte sur minette il en apprend plus qu’en dix ans d’interdits et de non-dits.
Puis il s’assoit sur le coin du lit de son délit, vain cul vaincu. Il est vexé et énervé dans le désordre de ses idées. La nausée au ventre, force lui est de constater grossièrement : c’est le bide, Il est bidon ! Il n’ose se retourner pour regarder impuissant le début d’incendie allumé dans le buisson ardent qu’il a été incapable d’éteindre.
Il oscille entre honte et colère…Mais plutôt honte quand même !
Elle est autant formidable qu’il se trouve fort minable. Elle le réconforte comme elle peut, avec une sincère compatissance. Elle lui sourit alors qu’elle pourrait rire. Lui explique gentiment que cela n’est pas grave, que cela peut arriver quand il y a trop d’émotion en émotivité, qu’ils recommenceront à la première occasion et que cette fois-là ; ils iront au bout ensemble. Que ce sera alors sa véritable première fois !
Et la belle, pas rancunière ponctue son joli discours dans le creux de l’oreille par une affectueux et tendre baiser sur sa bouche plissée d’amertume.
C’est sûrement depuis ce jour que, mis à part quelques exceptions qui se confirment dans leurs règles, Il voue une réelle admiration et une respectueuse adoration à vous ; mesdames les femmes ! Car même si vous avec vos défauts qui sont autres que les nôtres, vous possédez en vous cette sensibilité qui intérieurement vous rend éternellement belle !
Voici donc le récit napoléonien de sa première fois. Ce Waterloo en Bérézina, ce Trafalgar en retraite ratée de Russie. Ce fiasco qui laisse échec et moite, à peine rattrapé par un câlin paillard…
Il se voyait chef d’orchestre maestro de la baguette, il ne sut sortir une seule note de ce magnifique et sublime instrument qu’est le corps féminin ne demandant pourtant qu’à vibrer dès que le musicien fait preuve d’un soupçon de talent…
En fait comme vous l’aurez certainement deviné depuis le début, Il par jeu ; c’est moi. Je par émoi c’est IL.
Si je vous raconte tout cela aujourd’hui ce n’est pas par manque de pudeur et par déballage car ce n’est guère le genre de ma maison. C’est juste pour éventuellement rendre service et rassurer les adolescents qui me liront. Qu’ils sachent lorsqu’ils chassent, qu’ils ne sont pas seuls à avoir vécu des minutes délicates qui peuvent se transformer en grands moments de solitude lors de leur dépucelage (quel vilain mot).
Même si aujourd’hui Internet a changé la donne, le virtuel ne remplacera jamais le réel !
Depuis cette première si ridicule qu’elle m’est restée précieuse, Diable merci je me suis copieusement rattrapé !
Quand à cette jeunesse perdue qui viole pour prouver par la barbarie sa virilité ; qu’elle sache que la violence masque encore plus difficilement sa peur, que violer c’est voler ! Que l’usage de la force n’est qu’un aveu de faiblesse…